Pourquoi la prescription de psychotropes chez les enfants augmente-t-elle ? June 19, 2023

from Choses à Savoir SANTE·

Publié sous le titre « Quand les enfants vont mal, comment les aider ? » et adopté en mars 2023, le rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) pointe du doigt une pratique des plus délétères. Entre 2014 et 2021, la prescription de médicaments psychotropes a largement augmenté chez les enfants et les adolescents. Quelques valeurs choc illustrent le propos : la consommation d’antidépresseurs a grimpé de 62,58%, celle des hypnotiques et des sédatifs de 155,48%, et celle des psychostimulants de 78,08%. On compte également une hausse de consommation de 48,54% pour les antipsychotiques. …



Publié sous le titre « Quand les enfants vont mal, comment les aider ? » et adopté en mars 2023, le rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) pointe du doigt une pratique des plus délétères. Entre 2014 et 2021, la prescription de médicaments psychotropes a largement augmenté chez les enfants et les adolescents. Quelques valeurs choc illustrent le propos : la consommation d’antidépresseurs a grimpé de 62,58%, celle des hypnotiques et des sédatifs de 155,48%, et celle des psychostimulants de 78,08%. On compte également une hausse de consommation de 48,54% pour les antipsychotiques. Comment expliquer de telles variations ? Les causes de la hausse des prescriptions médicamenteuses chez les jeunes Plusieurs phénomènes expliquent, au moins partiellement, l’escalade des prescriptions de psychotropes faites aux jeunes ces 10 dernières années. D’abord, la demande en termes de suivi pour des troubles psychiatriques ou psychologiques a fortement augmenté, en particulier à la suite de la pandémie de Covid-19. En parallèle, l’offre de soin connait un déficit structurel important qui ne permet pas de garantir rapidement des places en structure d’accueil pour les jeunes en souffrance. Face aux difficultés des parents et des familles à gérer les conséquences des troubles au quotidien, face au risque accru de déscolarisation, le premier interlocuteur qu’est le médecin traitant prescrit volontiers un traitement médicamenteux afin d’adoucir la situation, le temps de trouver une prise en charge adaptée. Le rapport mentionne une difficulté d’accès aux soins pédopsychiatriques, mais aussi aux mesures préventives et éducatives qui faciliteraient l’accompagnement d’un enfant en souffrance et limiterait le recours aux médicaments. D’autre part, avec la crise économique, les familles se retrouvent souvent en difficulté financière et peinent à s’engager dans de longs processus de soins, qu’ils soient coûteux en argent ou en temps. L’accès aux professionnels de la pédopsychiatrie reste complexe en l’absence de repères facilement identifiables. Les médecins se retrouvent dans l’impasse Consultés en première intention, les généralistes ne disposent parfois pas d’autre choix que de prescrire un psychotrope, à cause du manque de places dans les institutions qui pourraient offrir un suivi correct, et à cause du manque de moyens consacrés à la santé mentale de l’enfant. D’autre part, des biais scientifiques et médiatiques ont été identifiés comme pouvant impacter la prescription de traitements chez les enfants et les adolescents. Pour finir, la recherche biomédicale peine à établir de véritables avancées dans le domaine, et les traitements prescrits sont donc souvent associés à des troubles secondaires importants. L’OMS souhaite, dans l’optique de réduire la médication excessive des jeunes, réorienter les politiques et financements de recherche vers la psychothérapie, l’éducation familiale et les interventions sociales auprès des publics en difficulté. Cette mesure limiterait la prise de traitements psychotropes -et leurs conséquences- par des enfants et adolescents qui n’en ont pas nécessairement le besoin. Learn more about your ad choices. Visit megaphone.fm/adchoices